La tentative de Trump de révoquer Lisa Cook, gouverneure de la Réserve fédérale, est l’attaque la plus directe contre l’indépendance de la banque centrale depuis au moins les années 70. Pourtant, le dollar semble bien s’en accommoder. Il a certes reculé face à la plupart de ses homologues la semaine dernière, mais les mouvements ont été modérés. Le billet vert est resté solidement au milieu de son canal de trading de l’été.
Cette semaine de trading est raccourcie aux États-Unis par le jour férié du “Labor Day”. Cependant, une quantité inhabituellement riche de données macroéconomiques sera publiée.
Le rapport sur le marché du travail américain pour le mois d’août, attendu ce vendredi, sera l’événement le plus crucial. Les analystes ont revu leurs prévisions à la baisse après le rapport très faible de juillet, mais celles-ci restent cohérentes avec une création d’emplois modeste et une légère hausse du chômage. L’incertitude est renforcée par le remplacement du directeur du “Bureau of Labor Statistics” (l’organisme qui compile le rapport) par un loyaliste de Trump.
L’autre rendez-vous clé pour les traders sera la publication, ce mardi, de l’estimation préliminaire de l’inflation dans la zone euro pour le mois d’août.

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Les principales devises en détail
EUR
Le recul lent des obligations souveraines à long terme, qui touche le monde entier, se ressent également dans la zone euro, bien que l’impact varie fortement d’un pays à l’autre. La France est particulièrement sous surveillance en raison de sa situation budgétaire critique et de son instabilité politique. Toutefois, les taux allemands à 30 ans ont aussi atteint leur plus haut niveau en 15 ans la semaine dernière. Si l’euro profite des inquiétudes liées à la dégradation institutionnelle aux États-Unis, il est freiné par une croissance toujours modeste et des taux d’intérêt à court terme qui restent bas. Le rapport flash sur l’inflation d’août, attendu cette semaine, sera un indicateur clé qui devrait montrer une convergence continue vers les objectifs de la BCE, ce qui est rare parmi les grandes zones économiques.
USD
Les données économiques de la semaine dernière ont généralement été meilleures que prévu, montrant une économie résiliente. Cependant, tout repose sur le rapport sur l’emploi de ce vendredi. La Fed a justifié son ton plus accommodant et sa possible baisse de taux en septembre par un marché du travail en affaiblissement. Si le rapport montre que l’emploi est toujours solide, la banque centrale pourrait être perçue comme cédant à la pression constante de Donald Trump pour baisser les taux. Par ailleurs, la tentative de renvoi de Lisa Cook par Trump est susceptible de se transformer en un long processus juridique. Même si l’impact à court terme est limité, le message envoyé aux autres gouverneurs de la Fed est sans équivoque. Pour Trump, les taux à long terme sont essentiels, car ils influencent les taux hypothécaires et, par conséquent, les marchés immobiliers. Or, ces taux restent obstinément élevés, malgré les attentes de baisses de taux.
GBP
La semaine a été très calme en termes de publications économiques ou de nouvelles de politique monétaire, et la livre sterling l’a reflété dans un trading estival atone. L’action la plus notable a eu lieu sur le marché des Gilts (obligations d’État britanniques), où les taux à long terme continuent de grimper. C’est bien sûr une tendance générale, mais les rendements britanniques restent les plus élevés du G10. L’incapacité du parti travailliste à maîtriser les dépenses, combinée à des surprises inflationnistes persistantes, n’aide certainement pas. Les marchés estiment à moins de 50 % la probabilité que la Banque d’Angleterre procède à une seule baisse de taux cette année. La hausse continue des taux à moyen et long terme risque de rendre les futures décisions de politique monétaire moins efficaces.
CHF
Le franc suisse a affiché une performance moyenne par rapport aux autres grandes devises du G10 la semaine dernière, mais a tout de même gagné du terrain face à la monnaie européenne plus faible. Le français est largement parlé dans sept cantons suisses, mais le paysage politique du pays est aux antipodes de celui de la France, ce qui renforce l’attrait du franc (du moins à court terme).
Les données suisses les plus récentes sont légèrement décevantes. La croissance du deuxième trimestre a été faible, et celle du premier trimestre a été légèrement révisée à la baisse. Cependant, avec les tarifs douaniers de Trump qui jettent une ombre sur les perspectives, ces données sont déjà dépassées. L’indicateur KOF, qui anticipe l’activité économique, n’est pas non plus encourageant, étant revenu à des niveaux bas après un pic étrange en juillet. Dans les prochains jours, nous allons surveiller…
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